Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/473

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cinquante-cinq ans, chargé de femme et de cinq enfans, fut interrogé pour tous les autres, par les députés du chapitre. Il sollicita « la grâce du privilège de monsieur saint Roumain, en considération du grand nombre de paouvres gens qui estoient en paynne comme luy, depuis neuf ans, ayant abandonné le lyeu de leur nativité et demeure, et estant réduictz en une extresme paouvreté, tellement qu’ilz aymoient myeulx endurer la mort que vivre plus longuement en telle misère, sy messieurs du chapitre n’avoyent pityé d’eulx. »

Si le crime était grand, il y avait neuf ans que les coupables l’expiaient dans l’angoisse et l’indigence. Le chapitre eut pitié de ces malheureux que leurs chefs avaient égarés. Pierre Maillard leva la fierte, et cette heureuse nouvelle alla réjouir et vivifier une contrée où régnaient, depuis trop longtems, la désolation, la misère et le désespoir. L’association formidable des Gauthiers n’avait point survécu long-tems à ce dernier crime de quelques uns de ses membres. Vers la fin d’avril 1589, comme le duc de Montpensier assiégeait Falaise, qu’occupait la ligue, il apprit que les Gauthiers, au nombre de cinq mille, marchaient au secours des assiégés. Le duc alla à leur rencontre. Les Gauthiers s’étaient répandus dans les villages de Pierrefitte-en-Cinglais, de Villers et de Commeaux, non loin d’Argentan. Le duc de Montpensier et ses