Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/502

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l’enlever et le traîner en lieu où il fut bruslé devant tous ? Si ce miracle estoit supposé, il n’y avoit miracle au monde duquel on n’en pût dire autant. » Venait alors une théorie sur les signes auxquels on reconnaissait les vrais miracles ; et ces signes, on le devine bien, se trouvaient tous réunis dans le miracle de la gargouille. De ce qu’aucun historien ancien n’avait parlè de ce miracle, Bouthillier avait conclu qu’il était faux, « Cet argument de Bouthillier, disait le chapitre, estoit aussy aysé à casser qu’une bouteille de verre. » Bouthillier avait oublié sa dialectique ; le chapitre, pour le lui prouver en forme, citait plusieurs règles sur le raisonnement, extraites des cahiers de logique de ce tems-là. Puis, en venant aux exemples, « Bouthillier pourroit-il dire (s’écriait l’apologiste) : Platon n’a point parlè de telle chose ; Aristote n’en a dict mot ; ergo il est faux ? On se moqueroit de luy ; c’est la maxime des hérétiques. Tant que sainct Augustin a tenu ceste maxime, il n’a peu venir à bout de sa conversion ; il vouloit qu’on luy monstrât tout, ou par escrit ou par raison aussy notoire et évidente que trois et quatre font sept. Plus tard, ce grand sainct en estoit bien revenu, et il disoit : Je n’ai veu ny tel miracle, ny ceux qui l’ont veu, mais je le crois, parce que la tradition me l’enseigne. Ainsy faut-il que nous disions : Nous n’avons point veu sainct Romain ny ceux qui l’ont veu ; nous ne