Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/514

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps, soit par amitié pour Bouthillier, fit imprimer cette Vie, dont le silence sur la gargouille fortifiait les argumens de son confrère contre le récit de ce miracle. Aussi Denis Bouthillier ne manqua-t-il pas de s’en prévaloir. Le défenseur des chanoines avait tancé Étienne Pasquier qui, témoignait son étonnement de ce « qu’un sainct homme tel que sainct Romain produisît un effect tout contraire à sa saincteté. » Bouthillier lui dit : « Aquilam cornix provocat[1], et si monsieur Pasquier s’estoit tant soit peu remué pour le pelauder[2], le défenseur du chapitre auroit senti son cœur faillir de peur ». À ce mot ; « Jamais chien n’abboya contre le crucifix, qu’il ne devînt enragé », Bouthillier répondit avec indignation : « Le mot d’abboyer appartient aux chiens, et non pas à moy ; et je croy qu’en l’escrivant, vostre défenseur a voulu dire qu’il l’avoit appris en gardant les vaches de son village. » Le chapitre prétendait que des hommes distingués avaient été admis à lever la fierte. « J’ose asseurer, disait Bouthillier, qu’entre tous ceux que vous avez esleuz, depuis le roy Louis douzième, vous ne m’en sçauriez nommer un seul, lequel auparavant ou depuis l’eslèvement de la fierte, ait rien fait qui vaille. Rapportez le roolle de vos eslections, vous

  1. La corneille s’en prend à l’aigle.
  2. Étriller, rosser. Littéralement prendre à la peau, au poil.