Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/515

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y en trouverez peut-estre quelques uns qui estoient gentils-hommes, mais en fort peu de nombre, et qui, d’ailleurs, estoient diffaméz en leurs vies et en leurs actions. Tous les autres sont personnes de néant, les quels, sans un injuste monopole, ne pouvoient mériter vostre eslection. » Le chapitre avait dit que personne n’avait mieux mérité lever la fierte, que Denis Bouthillier. Ce dernier s’indigna « qu’on l’eust mis au rang des assassinateurs élus pour jouir du prétendu privilège », et termina sa réponse en priant l’écrivain du chapitre « d’apprendre à dire la vérité, sans injurier ceux qui valoient mieux que luy et qui seraient bien marrys de se mesurer à l’aune de sa conscience. »

A la fin de novembre 1608, lorsque cet écrit de Bouthillier fut publié, M. Le Pigny, chanoine de Rouen, était à Paris, où il sollicitait quelque affaire pour le chapitre. Il se hâta d’acheter le livre, le jour même où il fut mis en vente, et l’envoya aussi-tôt au chapitre, sans l’avoir lu. « J’ay pensé estre de mon debvoir, écrivait-il, de le vous envoyer incontinent, afin qu’advisiez au moyen de refréner l’impudence de cet imposteur… Je ne l’ay pas encore leu… Je m’asseùre que Monsieur le Pénitencier, estant prié de vostre part, y faira paroistre les dons et grâces dont Dieu enrichit son bel esprit[1]. » Le bon

  1. Lettre manuscrite. Anciennes archives de la cathédrale de Rouen.