Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/137

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un homme qui, étant seul avec sa femme, lui avait donné la mort. Dampierre ayant tout nié devant le premier juge, et tout confessé pour obtenir le privilége de saint Romain, ils pensèrent qu’il y avait lieu de présumer qu’après avoir tué sa femme, il avait lui-même placé le cadavre près des chevaux, et en avait détaché un, pour que l’on crût que c’était cet animal qui avait tué la malheureuse. De plus, le jour du crime, il avait, dès le matin, envoyé son domestique à une lieue de chez lui, sous prétexte de lui donner une commission ; lui-même était allé à un marché voisin, où il avait passé tout le jour et n’était revenu que le soir. Toutes ces circonstances donnèrent lieu de penser qu’il pourrait y avoir eu dessein prémédité. Dans cette incertitude, le parlement déclara Dampierre indigne du privilége, et fit dire au chapitre, suivant l’ancien usage, que s’il voulait, sur-le-champ, en élire un autre, la cour le jugerait. Le chapitre, blessé du refus du parlement, répondit qu’il persistait dans son élection, et qu’il n’entendait point en faire une nouvelle. Dampierre fut reconduit à la prison du bailliage où il était détenu, et le premier juge continua l’instruction de son procès. Le chapitre se pourvut en cassation au conseil contre l’arrêt du parlement qui avait déclaré Dampierre indigne du privilége ; mais sa requête fut rejetée[1].

  1. Lettre de M. De Miromesnil à M. Bertin, écrite en 1766.