Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/258

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de tordre, d’avaler et d’expédier les morceaux aussi bien, voire mieux, par aventure, que MM. les présidens et conseillers du roi ; pour l’heure, on parut prendre la chose en patience ; c’était un jour de grâce ; et peut-être, faute de prisonnier à délivrer, on accorda, in petto, la fierte à ces pauvres diables ; mais ce n’était que par provision ; et, dès le lendemain, les gens du roi se plaignirent aigrement de cette « entreprise des huissiers, contre la révérence et respect qu’ils debvoient à Messieurs de la court, s’estant ainsy mis à table, à costé d’eulx, en lieu qu’ilz debvoient servir. » Le premier président Groulard, qui était encore dans un jour d’indulgence, se contenta de prononcer « qu’il seroit faict information de l’antienne forme et usance. » Les huissiers savaient mieux que personne ce qu’il en était ; aussi entendirent-ils le premier président à demi-mot, et croyez que, l’année suivante, ils n’y revinrent pas.

Après les troubles de la ligue, lorsque le parlement fut réuni tout entier à Rouen, les grands festins continuèrent mieux que jamais. En 1597, la peste infestait plusieurs bourgs et villages des environs de Rouen, et menaçait cette ville elle-même. On s’occupait activement de la reconstruction du Lieu-de-Santé, mais les fonds allaient manquer. Quelques jours avant l’Ascension, le premier président Groulard dit à la grand’chambre « qu’en