Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

carnivore, voire même anthropophage en un besoin. Mais qu’était-ce que cela ? De mauvais plaisans ne s’emparèrent-ils pas, un jour, du petit cochon de lait, prêt à figurer dans la gueule du dragon ; et vite de lui offrir du lait doux, mêlé de jalap, dont le glouton ne se fit pas faute, comme on peut croire ; voilà cette petite bête dans la gueule du monstre, criant d’abord et se démenant fort ; vient enfin le moment de la crise : le dénouement fut tel qu’on avait dû l’attendre ; se sauva qui put ; le pauvre bedeau porte-gargouille était le seul qui ne pût s’enfuir ; aussi paraît-il qu’il fut pris. Apparemment, ceci était une ruse des confrères de Saint-Romain et de Notre-Dame, qui voulaient que l’on cessât de porter les deux gargouilles. Le chapitre, qui voyait dans ces deux serpens tout autre chose que ce qu’y apercevait le peuple, voulait qu’ils figurassent dans les processions. Le 4 février 1534, à la fameuse procession faite alors à Rouen, par l’ordre de François Ier., « pour réparer l’honneur du sainct sacrement de l’autel, les gargouilles de Nostre-Dame et de sainct Romain avoient paru, accompagnées de quatre trompettes, d’un cornet et de six autres joueurs d’instrumens[1]. » Au milieu du xviiie siècle, les confréries de Notre-Dame et de Saint-Romain, souvent raillées à l’occasion de ces deux

  1. Farin, Histoire de Rouen ; édition de 1668, tome 2, page 91.