Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/555

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une grosse tour qui fut à la fois le lieu de sa résidence et une prison. Plus tard, vers le commencement du xiie siècle, Henri Ier., roi d’Angleterre, duc de Normandie, fit au même endroit des constructions très-importantes. La grosse tour fut conservée, et devint même encore plus forte qu’avant. Auprès d’elle on vit s’élever un palais digne du souverain puissant qui allait l’habiter. La tour, le palais furent enclos de hautes et épaisses murailles[1]. Ce fut là la demeure des ducs de Normandie, pendant plus de deux cents ans, jusqu’en 1204 environ, où Philippe-Auguste rasa la tour et le palais, et construisit, à Bouvreuil, le château dont nous avons parlé plus haut. Ce fut dans le palais de la Vieille-Tour que fut enfermé le jeune Arthur de Bretagne ; ce fut là que Jean-Sans-Terre poignarda, de sa propre main, ce prince, son neveu, dont le cadavre fut ensuite précipité dans la Seine[2]. Maintenant, que l’on veuille bien se souvenir que, dans notre Dissertation préliminaire, nous avons dit que le privilége de saint Romain avait dû commencer d’exister, soit vers la fin du règne de Henri Ier., mort en 1135, soit sous la domination éphémère d’Étienne, comte de Blois, soit enfin pendant les sept années durant lesquelles Geoffroi Plantagenet régna sous le nom de Henri II, son fils, qu’en tout cas il existait certainement sous Henri II, comme le prouve clairement l’enquête de 1210. Que l’on se souvienne aussi de ce que rapportèrent les neuf témoins entendus lors de cette enquête. « Sous les ducs Henri II et Richard-Cœur-de-Lion (dirent-ils), chaque année un prisonnier était délivré au chapitre, en cette forme : Lorsque la procession passait devant le château, les chanoines allaient à la porte de la prison, où ils trouvaient tous les prisonniers, et, parmi ces prisonniers, les chanoines délivraient

  1. Robert Dumont, « Appendix ad Sigebertum », Recueil des historiens de France, tome xiii, page 285.
  2. Philippide de Guillaume Le Breton.