Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/568

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ce passage des statuts, que, par une clause finale de ce même article, « chascun des compaignons estoit tenu d’obéir aux commendemens du prévost ès choses honnestes qui touchaient à l’honneur de la dicte confrarie. » Or, nous avons vu que lorsque le prévôt donnait le signal de boire à guersay, il fallait que les frères servans obéissent ; ils y étaient tenus. Cette obligation aurait-elle existé pour eux, si boire à guersay eût été boire outre mesure ? Était-ce là une chose honneste qui touchât à l’honneur de la confrarie ? Bien loin de là, rien n’y aurait été plus contraire ; tandis que l’action de trinquer, provoquée par le prévôt, et peu répétée, n’avait rien qui ne convînt entre des membres d’une même association, réunis autour de la même table.

En 1476, dans les premiers jours d’août, la confrérie de Saint-Romain fit représenter dans l’aître de Notre-Dame, devant l’église, un mystère de saint Romain. Six semaines entières furent consacrées aux préparatifs de cette représentation extraordinaire, que le chapitre facilita, autant qu’il put, en contribuant aux frais, et en faisant prêter à la confrérie tout ce qui lui était nécessaire pour construire des échafauds dans le parvis, et pour jouer le mystère. Non seulement tout le gros matériel de la fabrique, comme poutres, planches, claies, fut mis à la disposition des confrères ; mais on leur prêta tous les ornemens, draps, tentures, tapisseries, qu’ils demandèrent ; on leur confia aussi, mais sous bonne caution toutefois, une mitre, une crosse et tous les insignes épiscopaux indispensables à l’acteur chargé du rôle de saint Romain, rôle si important dans un long drame, qui ne devait pas être autre chose que la vie du saint pontife mise en tableaux. Deux enfans de chœur avaient été chargés de rôles d’anges ; on leur fit revêtir des tuniques, indispensables apparemment pour faire illusion dans ces rôles. Il fut permis à tous les chapelains de Notre-Dame de figurer dans le mystère, dont la représentation dura plusieurs jours ; et pendant ce tems-là, quoiqu’absens du chœur, ils furent réputés présens, et ne perdirent point leurs