Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/569

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rétributions quotidiennes. Une des boutiques du parvis fut découverte, sans doute pour laisser aux anges la facilité de faire toutes les évolutions que prescrivait le mystère. On n’avait eu garde d’oublier le miracle du dragon ; et, à la grande satisfaction du peuple, une gargouille horrible et monstrueuse joua un grand rôle dans la pièce. Apparemment les ouvriers s’étaient évertués, et avaient fait un chef-d’œuvre du genre ; car, après le mystère, les confrères de Saint-Romain demandèrent, et le chapitre permit que cette gargouille fût placée et conservée dans la cathédrale, en l’honneur et mémoire de saint Romain[1]. Pendant plusieurs jours que dura cette pieuse représentation, l’heure des offices fut changée, et le bruit de la sonnerie ménagé de manière à ne point distraire une multitude immense, passionnée pour ces spectacles où l’on jouait les saints en voulant les honorer[2] ; Nous n’entrerons pas ici dans le détail de toutes les messes hautes ou basses que faisait célébrer la confrérie, soit en l’honneur de monseigneur sainct Roumaing, soit pour le repos de l’ame des confrères décédés. Il est tems d’en venir à ce qui était devenu, désormais, le grand objet de la confrérie de Saint-Romain. Commençons par dire que, « la vigile des festes du Pardon saint Roumaing, et de la Translation saint Roumaing », tous les confrères devaient partir processionnellement de la maison du prévôt, de manière à arriver à la cathédrale lorsque les vêpres venaient de commencer. Ils faisaient porter au milieu d’eux un cierge de trois livres, « et debvoient tous entrer au cueur, quant vespres estoient commencées, et illec, devant le maistre autel, aler tous à genoulx.

  1. « Ordinatum… quod illa bellua seu gargouilla (gargouille gallicè), que ad opus ipsius misterii composita seu figurata extitit, ipsis fratribus volentibus et requirentibus, ad honorem et memoriam ipsius sancti, in hâc ecclesià reponenda et custodienda recipiatur in aliquo loco, de quo per magistros fabricè cum ipsis fratribus fuerit advisatum. » (Reg. capit.)
  2. Regist. capit., 28 juin ; 18, 30 juillet ; 1er, 2, 3, 5 et 9 août 1476.