Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/574

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d’autres, au privilége de la fierte. « Le sieur Roque du Génetay, que son avocat a qualifié d’honorable, faict (dit-il) en ceste cause, acte du contraire. L’édict des francs-taupins a esté introduict pour gens-roturiers, et qui n’ont moyen de subir autres fonctions que viles[1]. Le sieur Roque ne doibt-il pas estre honteux de vouloir s’esjouyr du privilége des francs-taupins, qui n’est que pour des bélistres des champs, luy qui est premier conseiller de ville ? L’avocat n’a pas consulté (examiné) ceste cause ; sans quoy il rougiroit de plaider ce qu’il plaide. » — « Mais, répliqua l’avocat du sieur Du Génetay, mon client n’est pas de la confrarye ; le contraindre à estre maistre, c’est donner aux confraires de saint Romain la liberté de choisir tout le monde, voire messieurs les présidens et conseillers de ceste court. » C’était perdre le tems ; le parlement, sans avoir esgard aux lettres de franc-taupinage, ordonna que le sieur Rocque du Génetay seroit tenu de faire le service divin, et de recevoir le prisonnier, sans estre adstreint à faire autres frays, sur peine de 500 liv. d’amende. »

On appelait gèrent forcé, le maître ainsi nommé malgré lui. On l’a vu par les arrêts que nous venons de citer, ses obligations étaient moins étendues que celles des maîtres qui avaient accepté de bon gré. Elles consistaient seulement à payer le porteur de la gargouille de saint Romain, qui figurait anciennement aux processions des Rogations et du jour de l’Ascension ; à fournir, ces trois mêmes jours, aux pauvres de

  1. En 1448, Charles VII voulant avoir des compagnies d’infanterie toujours prêtes à marcher à son ordre, ordonna que chaque paroisse du royaume fournirait un archer « le plus droit et aisé pour le fait et exercice de l’arc, qui se pourroit trouver en chacune paroisse. » Ces archers étaient « francs et quittes de toutes tailles et charges quelconques » ; d’où on les appela francs-archers, et aussi francs-taupins, ces archers étant pris parmi les paysans, que l’on appelait taupins, à cause des taupinières, dont les clos des gens de la campagne sont ordinairement remplis. (Voyez l’histoire de la milice française, par le père Daniel, livre 4, tome 1er , page 172 de l’édition in-4o de 1724.)