Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/612

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Vierge ; cet indice ne serait-il pas de nature à nous faire penser que le reliquaire, dans l’origine, était consacré à cette autre patronne de l’église de Rouen ? Ne pourrait-on pas supposer que l’état dans lequel les calvinistes avaient laissé la châsse de Saint-Romain, aura engagé le chapitre à lui substituer, par une fraude pieuse, et bien innocente du reste, celle de Notre-Dame, qui avait échappé aux mains des protestans, et qui offrait sans doute, par sa forme et son style, quelque ressemblance avec la première, afin de ne point laisser remarquer par le peuple l’absence ou tout au moins l’état de dégradation d’une pièce aussi importante, aussi nécessaire dans la cérémonie de la fierte, aussi sainte aux yeux de tous ? Cette supposition toutefois, nous devons le dire, ne repose sur aucune preuve écrite et positive, et nous la donnons comme purement conjecturale.

En nous résumant, nous dirons donc que la châsse actuelle, qui servait aux cérémonies de la fierte vers les tems antérieurs à notre première révolution, ne peut être la châsse primitive consacrée aux reliques de saint Romain sous Guillaume-Bonne-Ame ; qu’elle n’est pas même celle qui fut substituée à celle-ci, un siècle plus tard, par l’archevêque Rotrou ; que ce beau reliquaire appartient, par son style et par ses ornemens, au xive siècle ; qu’il faisait, probablement, partie du trésor de la cathédrale, et qu’il aura été emprunté, selon toute apparence, aux reliques de quelque autre saint, pour recevoir celles de saint Romain.

P. S. Cette notice était écrite depuis long-tems, lorsque M. Floquet a acquis la preuve que la châsse actuelle de Saint-Romain était l’ancienne châsse de tous les saints de la cathédrale de Rouen. Nous n’avons voulu rien changer à cette notice, et laissons à notre confrère le mérite tout entier de cette découverte.