Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

sans amorce de la part de l’État !… Mais ce n’est pas le cas. Vous donnez à des jeunes gens, jusqu’à trente ans, une éducation des plus soignées et gratuite ; vous leur offrez l’atelier, le modèle, le chauffage… C’est bien tentant, surtout pour un métier comme celui d’artiste, et, quand ils ont l’âge où toute autre profession leur est interdite, parce qu’ils ne sont pas des hommes supérieurs, vous les laisseriez là, sans pain, sans secours… Ce serait tout simplement une infamie. Et l’État le sent si bien, qu’il a inventé, pour faire taire les plus criards, ces copies de rois, d’empereurs, qui vont, à chaque changement de gouvernement, remplir les greniers des mairies, et ces copies de tableaux d’église qui ont l’inconvénient grave de cacher quelque beau pilier d’une cathédrale romane ou gothique.

« Si le gouvernement voulait une bonne fois se désintéresser de toutes ces questions d’art qui ne doivent jamais le regarder, il en serait des arts plastiques comme de la poésie, de l’art dramatique, de la littérature en général.

« Je ne sache pas qu’il existe des écoles gratuites de poésie, de tragédie, ni d’opérette, et il me semble que les poëtes et les auteurs ne nous manquent pas, et que leur célébrité, leur gloire est assez universelle. Aussi, qu’un poète, qu’un auteur malheureux aille s’adresser aux bu-