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L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

salle commune, et on leur lit à la première heure le sujet du tableau dont ils doivent composer et peindre l’esquisse.

« Cette esquisse, pour n’être qu’une ébauche, n’en doit pas moins présenter les conditions d’un tableau : composition, dessin, couleur, perspective, clair-obscur.

« Tout cela dans une journée.

« Il ne faut pas avoir la migraine ce jour-là, comme il est arrivé à ce cher et pauvre Henri Regnault, qui, n’ayant point fait son esquisse, n’aurait pu concourir sans la gracieuse intervention de ses camarades, qui voulurent bien, à cause de lui, qu’on passât sur cette infraction au règlement.

« Supposez maintenant un jeune homme d’un talent déjà remarquable, mais un peu lent à concevoir, ne pouvant qu’avec du temps rendre son idée bien nette. Il faudra nécessairement qu’il renonce au concours, car de ce premier essai vont dépendre tous les autres.

« Vous le voyez : c’est le succès assuré pour les talents faciles, pour l’habileté de main. Léonard de Vinci a mis quatre ans à faire la Joconde ; il n’aurait jamais été admis, même à concourir.

« Parmi ces nombreuses esquisses, on en choisit vingt, dont les auteurs sont appelés à peindre une figure d’homme nu, ce qu’on nomme vul-