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DEUX PORTRAITS.

pensée de s’adresser à lui, et de lui faire connaître en même temps le motif qui la forçait à se séparer d’un si bel ouvrage.

M. Ingres m’avoua avoir été vivement ému de cette infortune noblement avouée par une femme qu’il avait connue dans une si brillante position. Il l’assura de son zèle à lui rendre ce service, et me dit avoir réussi assez promptement à vendre ce portrait à un appréciateur bien connu des artistes[1], et pour une somme qui put la mettre au moins à l’abri du besoin.

Le portrait de M. Bertin, dont la réputation est à présent populaire, fut exécuté en très-peu de temps. Il avait été commencé par M. Ingres dans une tout autre pose, et à un point de vue très-différent : debout et le bras légèrement appuyé sur un meuble, je crois, car ce portrait, qui a été assez avancé, peu de personnes ont pu le voir, et je n’en connais, moi, qu’un croquis qui fit partie de l’exposition des œuvres de M. Ingres à l’École des Beaux-Arts ; je n’en ai donc, comme arrangement, qu’une très-vague idée.

Un jour, M. Ingres me raconta les difficultés sans nombre qu’il avait rencontrées à exécuter ce portrait.

  1. M. Reiset.