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L’ATELIER D’INGRES.

queurs, souvent à leur esprit d’opposition aux jugements de l’Institut. J’en eus la preuve ce jour-là, et je fus péniblement ému de la scène que je vis se passer sous mes yeux.

Giroux avait obtenu le prix de paysage, et je dirai tout de suite qu’il l’avait mérité ; ce jugement, je l’ai porté plus tard, et je ne crois pas me tromper. — Mais, soit que Giroux ne sortît pas d’un atelier en vogue (il était désigné comme élève de son père), soit qu’il existât déjà une tendance assez prononcée à repousser les œuvres d’un style académique, toujours est-il que la nomination de ce jeune homme fut accueillie par une bordée de sifflets. Des ordres furent donnés pour faire évacuer la tribune ; mais le coup était porté, et je ne vis pas sans une vraie émotion le pauvre garçon se diriger vers son père et se jeter dans ses bras, tout en pleurs.

Est-ce de ce jour que date mon antipathie pour tout contact avec le public, et ma résolution de ne jamais m’y exposer ?

Le reste de la séance se passa sans autre incident. Des hommes que le concours de cette année–là mit en lumière, deux seulement ont su justifier leur début : M. Duc, qui remporta le grand prix d’architecture ; Adolphe Adam, qui n’eut que le second grand prix de composition musicale.