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L’ATELIER D’INGRES.

tion que c’est chez les Grecs seuls qu’il faut aller chercher le sentiment vraiment grand, vraiment sublime, de l’art. La statuaire grecque serait là pour le prouver, si les peintures de Pompéi et d’Herculanum, qui ne sont probablement qu’un pâle reflet des ouvrages d’Apelles et de Zeuxis, ne témoignaient pas suffisamment de l’élévation et de la pureté d’un art qui laisse loin derrière lui tout ce qui a été fait depuis des siècles, et surtout ce qu’on fait de nos jours. Les Grecs me paraissent avoir seuls compris le but de l’art, ou plutôt n’en avoir eu qu’un seul, et, le jour où l’on s’est écarté de ce but, où l’on a fait des tableaux pour faire des tableaux, on est entré dans une voie de décadence sur laquelle il n’a plus été possible de s’arrêter.

Est-ce ma dernière opinion ? Je le crains, — je n’ai plus le temps d’en changer.

Je me suis un peu écarté de mon sujet. Je reprends le récit de mon premier voyage en Italie.

Je ne fis que traverser Gênes et Pise, et j’arrivai à Florence, où je voulais séjourner quelque temps, sachant que M. Ingres n’arriverait à Rome qu’à la fin du mois de décembre.

Les premiers jours que je passai à Florence me donnèrent de vives inquiétudes pour la suite de mon voyage, et je vis sous un aspect bien triste