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M. INGRES À ROME.

Un mot que je prononçai par hasard nous fit descendre enfin de ces hauteurs glacées.

Je témoignai à M. Ingres nos regrets d’avoir été privés de l’honneur de l’accompagner à son entrée dans Rome, et je citai le tombeau de Néron comme le point où nous avions fait halte pour l’attendre.

« Ah ! me dit-il, vous me parlez d’un endroit qui m’a laissé toujours un bien vif et bien doux souvenir, et cette fois encore j’ai voulu m’y arrêter… Car c’est là, ajouta-t-il, que j’ai vu madame Ingres pour la première fois… C’est la vérité, Messieurs, je ne la connaissais pas… Elle me fut expédiée de France, dit-il en riant, et elle ne me connaissait pas non plus… c’est-à-dire… je lui avais envoyé un petit croquis que j’avais fait de moi…

— Et même, tu t’étais joliment flatté, dit madame Ingres sans quitter son tricot. »

On comprend nos rires, auxquels se mêla M. Ingres avec un spirituel entrain.

Alors il nous raconta en quelques mots l’histoire de son mariage. Il était triste, isolé à Rome ; il fit part à un de ses amis de l’état de spleen où il se trouvait : cet ami avait précisément dans sa famille une jeune personne douée de toutes les qualités qui pouvaient assurer son bonheur ; tout fut arrangé par cor-