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POMPEÏ ET L’ART ANTIQUE.

bleau détaché du mur, accroché avec son cadre qui se ferme par un volet[1] ou par des châssis vitrés, vernissé, et par conséquent dans une position inclinée, pour qu’il puisse être vu, un tableau dans ces conditions-là ne peut s’allier, selon moi, avec le sentiment du beau, avec le merveilleux esprit de décoration des anciens.

Mes doutes sur la connaissance bien précise qu’on peut avoir de l’histoire de la peinture dans l’antiquité, reviennent plus fort que jamais quand je lis les contes enfantins et ridicules de Zeuxis peignant des raisins que les oiseaux viennent becqueter, et d’Apelles représentant un rideau auquel Zeuxis est pris lui-même. Peut-on s’imaginer des artistes qui avaient sous les yeux les œuvres de Phidias et les merveilles de l’architecture grecque, et qui se seraient amusés à faire des trompe-l’œil, comme ce brave homme que j’ai connu dans ma jeunesse, qui couvrait les murs extérieurs de l’Institut d’une innombrable quantité de toiles, toutes représentant des œufs sur le plat ? — Où a-t-on pris ces contes stupides ? Ce sont des érudits pourtant qui les ont mis en circulation, ainsi que l’histoire de la draperie derrière laquelle se cachait Apelles, pour entendre les opinions et les critiques du public. Com-

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  1. Mazois, Palais de Scaurus.