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MAÎTRES ET ÉLÈVES.

ces services si rares, si peu de notre temps, s’ils ont jamais été d’aucune époque ?

J’arrive à la scène qui eut lieu entre M. Ingres et lui, au moment où il se préparait à quitter Rome. Elle est caractéristique, et peint bien les deux hommes. Mottez avait prié M. Ingres de venir voir à son atelier quelques ouvrages exécutés pendant son séjour en Italie. J’ai dit que M. Ingres avait une grande affection pour Mottez ; il avait aussi une véritable sympathie pour son talent. Il se rendit donc à cette invitation et examina, avec beaucoup d’intérêt, tout ce qu’il avait devant les yeux, même ces nombreuses et belles copies faites d’après tous les coloristes du monde. Tout autre que Mottez peut-être n’aurait pas pu s’y fier. Enfin, M. Ingres admirait de grand cœur, quand son attention fut attirée par une étude faite à fresque sur le mur.

« Qu’est-ce que c’est que cela ? dit-il brusquement à Mottez…

— Une étude que j’ai faite d’après ma femme.

— Je vois bien… Eh bien ! vous allez laisser cela sur le mur ?

— Mais, Monsieur, comment faire ? Il serait très-dispendieux de la faire détacher et de l’emporter.

— Ainsi ce sera perdu ? Eh bien ! moi, je la