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RETOUR À PARIS.

visiter les choses même les plus intéressantes. Quand on a bien pris son parti de revenir, quand on revient, on n’a plus d’autre idée que d’arriver. Tout ce qui retarde la marche est un vrai supplice. Venise elle-même ne put me retenir ; aussi n’est-ce pas à ce voyage que je puis dire que je l’ai vue.

Nous quittâmes Milan après avoir jeté un coup d’œil sur la Cène de Léonard de Vinci, sur le carton si intéressant sous tous les rapports de l’École d’Athènes. Mais il fallait voir comme nous recevions les gens qui nous parlaient de curiosités, de monuments superbes à visiter, de chartreuses tout marbre et or ! Certes, on ne devait pas croire que l’on avait affaire à des artistes. Nous n’écoutions rien, nous ne voulions rien voir, nous voulions arriver à Paris. Nous n’avons pas été les seuls, je crois, à éprouver cette impression.

Sans l’aimable insistance que l’on mit à nous retenir, nous n’aurions certainement fait que passer à Genève, qui ne paraît rien offrir à la curiosité ; et cependant je dois constater une émotion d’art très-vive que j’ai ressentie au musée de cette ville, devant le portrait de madame d’Épinay, par Liotard, et je dois ajouter qu’un jour, à Paris, ayant amené devant M. Ingres la conversation sur ce portrait, j’eus le plaisir de