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L’ATELIER D’INGRES.

À Paris, M. Ingres ne recevait pas, ou recevait peu ; du moins, je n’ai jamais été invité à passer une soirée chez lui, non qu’il y eût de sa part aucune intention désobligeante, j’en suis sûr ; mais quelques amis intimes et de son âge allaient seuls, je crois, le voir habituellement. De ce côté-là, sa vie m’a été complétement fermée. Il me sera donc impossible de placer maintenant dans un cadre quelconque les différentes occasions où j’ai pu l’approcher, causer avec lui, et retenir les paroles, ou plutôt les sentences nettes et absolues qu’il prononçait lorsqu’il s’adressait à ses élèves, avec un accent, une autorité qui laissaient peu de marge à la réplique, surtout à la contradiction. Je rapporterai un peu au hasard, quand le souvenir m’en viendra, plusieurs des conversations, toujours intéressantes, que j’ai eues avec lui.

J’ai dit que je rencontrais quelquefois M. Ingres chez les Bertin. Un soir que nous y avions dîné tous deux, il me prit à part en sortant de table, me fit asseoir près de lui, et me dit :

« J’ai un service à vous demander. »

C’était l’époque où l’on préparait la grande exposition de 1855.

« Je vais réunir, vous le savez, tout ce que je pourrai retrouver de mes ouvrages pour l’expo-