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L’ATELIER D’INGRES.

que moi, car ce portrait, dont M. Ingres semblait faire si grand cas, m’a paru la chose la plus faible, je peux dire la seule chose faible qu’il ait produite dans cette première et si admirable manière qui nous a valu le portrait de madame de Vaucey et ceux de M. et de madame Rivière.

Après qu’il m’eut chargé de cette commission, M. Ingres me parla de la grande exposition qui allait avoir lieu. Je lui demandai s’il ferait voir quelques-uns de ses admirables croquis à la mine de plomb.

« Je pense, lui dis-je, que, placée sur la cimaise, au-dessous de vos grandes toiles, une collection semblable serait d’un immense effet. »

Sa figure se rembrunit.

« Non, me répondit-il, on ne regarderait que cela. »

Je crois que M. Ingres, en disant ce mot, se rendait bien compte de la valeur de ses croquis, qui sont supérieurs, à mon sens, à tout ce qu’il a fait en peinture, ou du moins qui le mettent à part de tous les artistes passés et présents ; il n’y a rien d’analogue dans aucune époque, et ces dessins innombrables et merveilleux constituent en grande partie son originalité. — Je dirais volontiers qu’ils sont, dans son œuvre, ce que la correspondance est dans l’œuvre de Vol-