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LE JURY DES BEAUX-ARTS.

Une seule fois, une idée s’était fait jour, — à mon avis excellente, — je veux parler du musée des Refusés.

Si le refus d’un tableau a pour but de décourager l’artiste, on ne saurait trouver un plus mauvais moyen : ce refus ne peut que le poser en victime à ses propres yeux et aux yeux de quelques amis disposés à l’indulgence. — Si c’est une leçon qu’on veut lui donner, la première chose à faire est de lui indiquer ses fautes, de les lui souligner. — Le jury ne se charge pas de ce soin.

Qu’arrive-t-il alors ? C’est que l’artiste exagère ce qu’il regarde comme un point de vue nouveau, un trait de génie qui n’a pas été compris, et recommence de plus belle à l’exposition suivante.

La salle des Refusés avait ce grand avantage que l’artiste pouvait là se juger lui-même, voir son œuvre en place, en plein jour. Il pouvait entendre les observations, quelquefois les rires, qu’elle provoquait de la part du public.

La leçon n’était-elle pas bien plus certaine, bien plus efficace ?

Cette idée était donc juste et bonne. Elle sauvait tout, faisait taire toutes les plaintes.

Ceux qui ne voulaient pas publier ainsi leur déconvenue étaient libres de se retirer, et, dans