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L’ATELIER D’INGRES.

le même aspect juvénile qu’à cette époque reculée. Pour ceux qui m’accuseraient d’exagération un peu forte, je dirai qu’il y a quatre ou cinq ans, je marchais dans la rue derrière un homme dont la tournure élégante indiquait toute la force de l’age, et me rappelait des souvenirs de ma jeunesse ; j’avançai : c’était en effet M. Mignet, que je n’avais pas vu depuis quelques années, et qui me plaisanta même, comme à son ordinaire, sur ma calvitie, en soulevant son chapeau et me montrant quelques boucles encore blondes.

Quant à leur caractère à chacun, il ne s’y est opéré de même aucun changement : l’un, vif, toujours sûr de son fait, d’une activité tout ambitieuse, et doué d’un aplomb excessif, cette force bien grande qui aplanit tant de difficultés, qui même, je serais tenté de le croire, a sa part dans le génie.

L’autre de ces hommes distingués, exceptionnellement beau, doux, affable, sans grandes passions, travailleur infatigable, entièrement livré à ses études, et qui, dans sa profonde sagesse, comprit qu’au lieu d’être en politique l’humble satellite de son ami, il pourrait briller tout seul d’un éclat bien vif en suivant une autre voie.

Je bornerai là cette appréciation. Je ne veux