Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
L’ATELIER D’INGRES.

sans vous arrêter, et, pour passer dans certaines galeries… mettez-vous des œillères comme aux chevaux[1]. »

Les copies du reste étaient peu de son goût. « Faites de simples croquis d’après les maîtres, nous disait-il ; c’est un moyen de les regarder avec soin, de les bien étudier. Mais à quoi bon perdre son temps à reproduire un tableau, ce qui peut se faire avec de la patience. Pendant que vous cherchez le procédé, vous perdez de vue l’important, ce qui constitue en un mot le chef-d’œuvre. »

M. Ingres, en effet, n’a exécuté que deux copies : une, obligatoire de par le règlement de l’École de Rome, était le Mercure de la Farnésine ; l’autre, la Vénus de la Tribune de Florence. Je dois ajouter que ces deux copies se reconnaissent à dix pas pour des œuvres de M. Ingres.

Aussi, lorsque M. Thiers eut l’idée malheureuse de faire un musée de copies, je ne cessais de répéter : « Ou elles seront exécutées par des hommes d’un talent hors ligne, et elles se ressentiront toujours de la manière du copiste : dans ce cas, un original de lui serait plus précieux ; ou elles seront faites par des peintres médiocres,

  1. Les Raphaëls, à cette époque, étaient placés tout au fond de la longue galerie du Louvre ; pour y arriver, il fallait passer devant les Rubens.