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L’ATELIER D’INGRES.

ce que j’ai vu n’était pas le tableau ; et le tableau, où est-il ?

J’ai cru devoir appeler l’attention sur ce fait, espérant que les amis de M. Ingres qui ont vécu plus que moi dans son intimité pourront éclaircir ce mystère, d’autant plus intéressant que c’est d’un chef-d’œuvre qu’il s’agit.

Ce que tout le monde sait, c’est que le tableau était en longueur, et qu’il a ajouté dans la gravure la statue de Marcellus[1].

Enfin, sur un chevalet était placée une petite étude de baigneuse vue de dos à mi-corps, qui est gravée dans son œuvre au trait.

Nous fûmes tous frappés de la différence de peinture qui existait entre cette étude et son prix de Rome, et je lui fis part de cette impression.

« C’est que je n’avais pas vu l’Italie, nous dit M. Ingres, quand je fis ce tableau, et cette étude est la première que j’ai peinte sous l’inspiration de ces maîtres… On m’avait trompé, messieurs, et j’ai du refaire mon éducation. »

Puis, changeant de ton : « Non pas que je ne

  1. Je regrette de ne pouvoir citer en entier la lettre que ces observations m’ont value de la part de M. Pichon, élève et ami de M. Ingres. Le tableau de Virgile, restauré par lui, après la mort de notre maître, est exposé depuis peu de temps au musée de Toulouse.