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sur la rive droite du Tibre, à six milles au-dessous de Rome.

La déesse y était honorée sous le nom singulier de Fors Fortuna[1], le hasard fortuné, la chance du hasard[2]. Le jour de l’année où l’on croyait que Servius Tullius l’avait dédié, on s’y rendait à pied ou en bateau[3], on en revenait ivre. C’était une fête populaire, comme tout ce qui se rapporte à Servius Tullius.

La classe, très-nombreuse encore aujourd’hui à Rome, de ceux qui vivent sans moyens de subsister[4], fêtaient cette déesse de hasard qui avait fait un roi de hasard[5].

Cette Fortune hasardeuse n’avait aucun rapport avec la Fortune virile[6], quoique, par une double con-

  1. Varr., De l. lat., VI, 17.
  2. Fortuna sit vel hujus diei… Vel fors in quo incerti casus significatur magis. (Cic., De leg., II, 11.) On disait forte fortuna fieri, arriver par hasard.
  3. Ov., Fast., VI, 769.
  4. Qui sine arte aliqua vivunt. (Donat. ad Phorm., V, 6, 1.)
  5. Ovide ajoute que les esclaves s’y rendaient en foule, ainsi qu’au temple de la Fortune incertaine (Fast., VI, 786), attribué aussi à Servius, et qui était près de là.
  6. Malgré les témoignages les plus positifs, celui d’Ovide et celui de Varron (loc. cit.), celui d’un calendrier antique où on lit Forti Fortunæ transtiberinæ, on a voulu reconnaitre, dans un édifice du temps de la république situé sur la rive gauche, près du Ponte Rotto, un temple de la Fortune virile, d’après une mauvaise traduction de Fors Fortuna., donnée par Denys d’Halicarnasse (IV, 27) et Plutarque (Fort. Rom., 5), qui ont pensé que Fortem fortunam voulait dire