Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entrés dans l’âme de Tullie ; ils entrent aussi dans l’âme de Tarquin.

Aussi rusé que méchant, il s’en va sur le marché que fréquentent les habitants des huit collines.

Là viennent les Sabins du Capitole et du Quirinal, les hommes de la lance, les fils farouches de Janus ; là viennent les vaillants hommes du Palatin, qui, un jour, ont pris aux Sabins leurs femmes et leurs filles, et que les hommes de la lance n’ont pu chasser de Roma, l’antique Roma.

Là viennent les Albains du Cælius, qui, chaque soir, sont tristes quand ils voient le soleil à son coucher faire resplendir l’azur de leurs belles montagnes qu’ils ont perdues.

Là viennent les Latins dépossédés qui vivent dans la forêt de l’Aventin et dans la vallée des Myrtes. Chaque soir, ils sont tristes en regardant le Tibre couler vers la mer, en songeant qu’il coule du côté où furent leurs villes qui ne sont plus.

Tarquin va dans le Comitium, où siègent les curies des patriciens qui s’y rassemblent l’œil morne et se taisent ; car, depuis que les centuries des plébéiens se réunissent dans le champ de Mars, ils ne savent plus sur quoi délibérer.

Tarquin leur dit « Que faites-vous là, nobles pères ? Vous vous taisez. L’esclave, fils d’une esclave, vous a dépouillé de vos antiques droits. Le vénérable Comitium, que Vulcain protège, a été déshérité pour le parc