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Servius, qui avait élevé à l’égalité les Latins de Rome, avait donné pour centre à toute la confédération le temple de Diane sur une des collines occupées par eux, l’Aventin. Tarquin, qui avait retiré aux Latins de la ville les droits politiques dont la constitution de Servius les faisait jouir, ne voulut pas qu’ils eussent sur leur colline de l’Aventin le lieu de réunion des nations latines et le reporta sur le mont Albain où il avait été primitivement, quand Albe existait.

Le mont Albain, qui s’élève à trois mille pieds au dessus de la mer et domine tout le Latium, allait mieux au Superbe, visant dans tous ses monuments et dans tout son règne à la grandeur et à la magnificence, que l’humble Aventin, l’un des séjours de la plebs latine favorisée par Servius et méprisée par Tarquin.

Tarquin voulait être comme Servius le chef de la confédération latine, mais, en cela différent du bon roi Servius, dans l’intérêt de sa politique, il ne recula pas devant un meurtre.

Les chefs latins s’étaient réunis pour délibérer dans un bois sacré près la source de l’eau Ferentina[1],

  1. Ad caput Ferentinæ quod est sub monte Albano. (Fest p. 241.) On reconnait en général l’eau ferentine dans le ruisseau qui coule au fond d’un ravin pittoresque et au pied des murailles noires de Marino. Mais la source caput doit être cherchée plus haut. Cette eau était dédiée, comme son nom l’indique, a Feronia, déesse des peuplades sabelliques, et en particulier des Sabins ; ce qui montre que ce lieu avait été occupé par des populations sabines, mais il devait être latin à l’époque où les Latins s’y assemblaient.