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au-dessous d’Albe, ville consacrée autrefois à ces réunions, maintenant détruite, centre aboli de l’association latine, mais resté sacré dans les souvenirs, et dont, pour cette raison, on aimait toujours à se rapprocher.

Au jour marqué pour l’assemblée, Tarquin n’y parut que le soir ; dans son sans-gêne orgueilleux de despote, il s’était fait attendre toute la journée.

Un chef sabin d’Aricie, Turnus Herdonius[1], indigné d’une telle insolence, éleva une voix libre contre cet homme qui se jouait du Latium rassemblé, et dont la conduite envers ses sujets n’était pas de bon augure pour ses alliés. Herdonius ouvrit l’avis que chacun retournât chez soi. Quand Tarquin parut, il s’excusa de son retard, il avait été occupé à réconcilier un père avec son fils, sur quoi l’opiniâtre Herdonius déclara qu’une telle affaire eût dû être terminée brièvement par ces mots : « Malheur au fils qui n’obéit pas à son père ! ». Cette opposition véhémente d’Herdonius pouvait tenir à sa qualité de Sabin ; les Sabins étaient les adversaires naturels des Étrusques. Aussitôt Tarquin résout la mort du confédéré trop indépendant, pour frapper de terreur les alliés comme les Romains. Des esclaves gagnés déposent des armes dans la maison d’Herdonius. Le lendemain, le roi l’accuse de conspi-

  1. Ce nom Herdonius est sabin. Le Sabin qui une nuit s’empara du Capitole s’appelait Herdonius. Il y avait une ville d’Herdonia en pays sabellique. Turnus Herdonius serait donc d’une famille sabine établie dans la ville latine d’Aricie.