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cela occupe le peuple, comme le fait sagement observer Denys d’Halicarnasse[1] après Aristote : tandis qu’il est courbé sous les moellons, il ne songe pas à relever la tête ; on le fait manoeuvre pour qu’il ne songe pas à être citoyen.

Le peuple souffrait beaucoup de ce travail forcé et qui s’exécutait par corvée ; il avait été interrompu, ce semble, en grande partie du moins, sous Servius Tullius, et ce ne fut pas peut-être une des moindres causes de sa popularité. Les hommes savent parfois moins de gré au pouvoir de ce qu’il fait pour eux que de ce qu’il ne leur fait pas souffrir.

Ces travaux, repris par Tarquin avec l’impétuosité de son caractère, contribuèrent à le faire détrôner. L’histoire de la Cloaca Maxima joue un grand rôle dans l’histoire de la Rome des rois.

Le creusement des égouts, exécuté sous terre, dans des endroits humides et malsains, était odieux aux sujets de Tarquin.

Denys d’Halicarnasse[2] fait adresser par Brutus aux Romains ces paroles :

« Ils vous forçaient, comme des esclaves achetés, à mener une vie misérable, taillant la pierre, coupant le bois, portant d’énormes fardeaux et passant vos jours dans de sombres abîmes. »

Il fallait que la condition de ceux auxquels Tarquin

  1. Den. d’Hal., IV. 44. V. Schwegl., R. Gesch., I, p. 781-2.
  2. IV., 81.