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Pélasges[1], comme celles des oracles de Dodone et des sorts de Préneste. Apportés en Italie[2] par les populations grecques qui s’établirent dans sa partie méridionale, ils vinrent de Cumes à Rome. Près du lieu où fut Cumes, on montre encore aux voyageurs une prétendue grotte de la sibylles[3].

  1. La plus ancienne des sibylles est fille de Dardanus, et par là se rattache à la race pélasgique dont Dardanus est le représentant, à l’Ida, séjour de Dardanus et où existent de grandes murailles pélasgiques. Niebuhr rapproche les oracles sibyllins des anciens oracles des cités grecques. (Hist. R., I, p. 283-4, trad. française.)
  2. On a pu penser que les oracles sibyllins avaient été apportés à Rome par les Phocéens, parce que ces livres furent mis en rapport avec le culte d’Apollon, auquel les Phocéens élevèrent un temple à Massalie ; mais, avant d’être conservés dans le temple d’Apollon, les livres sibyllins étaient conservés dans le temple de Jupiter. D’ailleurs, le culte d’Apollon ne fut introduit à Rome que sous la république. Il est donc plus probable que ces livres furent apportés à Rome de Cumes, dont les relations avec Tarquin sont connues, et où ils étaient venus, disait-on, d’un pays pélasgique, Érythrée, patrie de la sibylle (Den. d’Hal., I, 55), dans le voisinage de l’Ida. (Serv., Æn., VI, 36, 321.)
  3. Déjà, au second siècle de notre ère, on montrait dans les environs de Naples aux touristes païens, comme Pausanias, ou aux voyageurs chrétiens, comme saint Justin, la grotte de la sibylle et même son tombeau. Aujourd’hui on donne pour avoir été l’antre fatidique un tunnel percé dans la montagne, analogue à la grotte de Pausilippe, et en partie comblé. (Murray, Handb. S. it., p. 392, 406.) Le souvenir populaire de la sibylle s’est curieusement mêlé à un souvenir d’un genre bien différent celui d’Abailard, dont la renommée, répandue par des étudiants italiens qui étaient venus l’entendre à Paris, était parvenu jusque-là et avait passé à l’état légendaire. Une vieille batelière de Naples me disait, en me montrant les restes du môle de Pouzzole,