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Je n’ai qu’une chose à dire sur l’événement qui précipita du trône le second Tarquin.

Pour donner à cet événement toute sa portée historique, il faut lui rendre son caractère national, que se sont gardés de mettre en relief les écrivains latins. Tout dans cet événement fut sabin.

Lucrèce, dont on a fait le type de la matrone romaine, était Sabine. Ce type lui-même de chasteté, de dignité conjugale, ce n’est pas sur le Palatin qu’on devait l’aller chercher parmi des femmes d’aventuriers et de bandits ; les récits qui couraient sur leur compte étaient d’une autre nature. Acca Larentia, la nourrice et peut-être la mère de Romulus, passait pour avoir été une lupa, en donnant à ce mot l’acception fâcheuse dont la trace s’est conservée dans Lupanar.

Une autre tradition, à peine plus honorable, faisait d’elle une courtisane enrichie par la faveur d’Hercule[1].

Tout porte à croire que Lucrèce était Sabine. D’abord son nom, dérivé de celui de son père, qui ressemble au nom du mont Lucrétile, mont sabin[2]. Une tradi-

  1. Plut., Quæst. Rom. 35.
  2. Et à celui du lac lucrin en pays sabellique. J’ai parlé de ce nom d’Hostus, qui est un nom sabin. (Voy. t. I, p. 449.) Or je trouve plus tard un Lucretius Hostifilius. Le prénom du père de Lucrèce, Spurius, est sabellique ; car il est ombrien et se trouve en Étrurie, comme beaucoup de noms ombriens, sous la forme Spurina, nom d’un devin au temps de César. Les surnoms des Lucretius ont la terminaison en a et la terminaison en o, qui caractérisent les surnoms sabins : Ofella, comme Sylla ; Vespilio, Trio, comme Scipio,