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blable de la formation de l’île Tibérine. On disait que Tarquin avait fait ensemencer le champ de Mars, cette plaine qui encore sous Auguste séparait le fleuve de la ville, et dont la Rome moderne couvre la plus grande partie[1] ; le sénat l’avait réservée aux exercices équestres, et ordonné que les blés déjà coupés et placés sur l’aire fussent jetés dans le Tibre. On ajoutait que les eaux du fleuve n’avaient pu entraîner cet amas de paille et de grains, et accumulant alentour les alluvions, avaient donné naissance à l’île qu’on voit encore aujourd’hui au milieu du Tibre.

Il est difficile de lui reconnaître une pareille origine. Une île qui renferme une église, un couvent et un hôpital, n’a guère pu être formée autour de gerbes amoncelées. La rapidité du fleuve et sa profondeur s’y opposent également[2].

D’ailleurs, on voyait dans cette île un temple consacré au dieu latin Faunus et une statue dédiée au dieu sabin Sancus, ce qui semble indiquer qu’elle avait été occupée à l’époque des Latins primitifs et à l’époque sabine, c’est-à-dire antérieurement à l’époque de Tarquin.

  1. Le champ de Mars s’étendait vers le nord au delà de l’enceinte de la Rome actuelle, du côté de Ponte-Molle ; car Strabon (V, 3, 8) place le lieu où fut brulé le corps d’Auguste au millieu du champ de Mars.
  2. L’effet du courant rapide du fleuve est plutôt de détruire des îles que d’en former. C’est ainsi qu’une petite île a été entraînée par la violence des eaux en 1788.