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Valerius Publicola, collègue d’Horatius, était absent de Rome ; il avait conduit l’armée contre les Véiens. Les Valerii et les Horatii étaient les deux principales familles sabines ; toutes deux se firent remarquer dans les commencements de la république par leurs sentiments populaires. On les a comparées aux grandes familles whigs d’Angleterre. Une autre famille, les Claudii, viendra bientôt de la Sabine représenter la hauteur et la résistance aristocratiques des plus opiniâtres torys.

Les Valerii souffraient impatiemment que la gloire de dédier le temple échappât à leur illustre chef Publicola, et voulurent en priver Horatius par un stratagème.

Tandis qu’il prononçait l’invocation, on vint lui annoncer la mort de son fils[1] ; mais lui, sans s’interrompre, dit :

« Eh bien, qu’il soit cadavre ! » (cadaver sit ! ) et continua la cérémonie.

Malgré la surprise et la douleur, sa main, qui, selon le rite sacré, tenait le jambage de la porte du temple, ne le lâcha pas.

Deux villes seulement de l’Ètrurie, toutes deux voisines de Rome, et auxquelles elle avait déjà fait la guerre, Véies et Tarquinii, prirent d’abord parti pour la famille dépossédée. Les Tarquins trouvèrent

  1. Serv., Æn., VI, 8 ; XI, 2.