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vangile, rien de pareil ne doit être justifié, encore moins admiré. Mais alors c’est un devoir de protester dans le passé contre la morale qu’on réprouve dans le présent ; car les louanges données à Scævola pourraient encourager à l’imiter.

Pour l’honneur de la moralité romaine, je remarquerai qu’on donna des prés à Mutius Scævola, mais qu’on ne lui éleva pas une statue comme à Horatius Coclès[1].

Les prés représentaient alors l’espèce de récompense qu’on accorderait aujourd’hui en donnant une pension. C’était encore trop.

Une statue fut élevée à une jeune fille dont le nom est demeuré célèbre, à la courageuse Clélie.

Parmi les otages que Porsena avait reçus des Romains se trouvait une jeune fille résolue qui avait poussé, disait-on, son cheval à travers le Tibre au-dessous du pont Sublicius, et, à la tête de ses compagnes, était ainsi rentrée dans Rome.

C’est de cette vigoureuse amazone que mademoiselle Scudéry devait faire un jour une sentimentale héroïne. La véritable Clélie s’entendait mieux, je crois, à franchir à cheval les flots tourbillonnants du Tibre qu’à suivre en rêvant les bords fleuris du Tendre.

Le consul Valerius, ne voulant point manquer de foi

  1. J’aime mieux en croire à ce sujet Tite Live et Denys d’Halicarnasse qu’un écrivain sans autorité, Aurelius Victor. (De Vir. ill., I,12.)