Mais des lois oppressives peuvent être corrigées par d’autres lois ou abolies avec le temps, et c’est ce qui est arrivé en partie à Rome pour la censure. D’ailleurs, il est parfois pénible, mais il n’est point honteux de se soumettre à la rigueur excessive d’une loi qu’on s’est imposée à soi-même.
Ce que les Romains jugeaient dégradant pour la nature humaine, c’est d’abdiquer la liberté dans les mains d’un homme. C’est de mettre une volonté à la place de toutes les volontés. Cela ils l’eurent toujours en horreur et en mépris. C’est pourquoi la censure confiée à des magistrats dont l’autorité était temporaire, et qui appliquaient des lois auxquelles tous avaient mis la main, que chaque jour on pouvait changer, fut à Rome entourée de respect, tandis que la censure chez les modernes, qu’elle porte ce nom ou qu’elle en porte un autre, bien qu’elle ne s’immisce point dans les actes de la vie privée et se borne à faire dépendre du bon plaisir d’un homme ou de plusieurs la liberté pour les citoyens de manifester leur pensée, a été flétrie par le sentiment public toutes les fois qu’il y a eu un sentiment public. La censure de Caton et la censure de la police sous le premier empire, je le demande a tout lecteur de bonne foi, lui semble-t-il que ce soit le même mot ?
À Rome, où le caractère religieux se montre partout, la plupart des magistratures étaient dans un rapport particulier avec un temple. Nous venons de le