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À Rome, le patriciat, avec ses habitudes de parcimonie sabine, fut toujours une aristocratie avare, vice rare chez les aristocraties.

Peut-être l’aristocratie romaine n’en est-elle pas encore entièrement corrigée.

Ce fut là ce qui souleva les premières tempêtes. Les patriciens prêtaient aux plébéiens pauvres et prêtaient à un intérêt très-élevé ; les plébéiens ne pouvaient s’acquitter.

Alors ils appartenaient aux patriciens ; ils devenaient nexi[1].

Des créanciers impitoyables tenaient ces nexi emprisonnés dans leurs maisons et les traitaient comme des esclaves.

Un jour, un vieillard parut dans le Forum couvert de vêtements sales ; maigre, pâle, sa longue barbe et ses cheveux en désordre, lui donnaient l’air d’une bête sauvage.

Il dit que dans la dernière guerre sa ferme avait été brûlée, ses troupeaux enlevés ; que, pour payer le tribut, il avait dû emprunter, et que, n’ayant pu payer, il avait été enfermé dans la demeure des esclaves, l’Ergastulum, et avait trouvé dans son créancier un bourreau[2].

  1. Ce mot indique un engagement légal et non la mise aux fers qui en était la suite et qu’exprime le mot vincti. Telle est au Mexique la condition des peones qui ne sont point esclaves de droit, mais le deviennent en fait quand ils ne peuvent s’acquitter envers leurs maîtres.
  2. Ductum … in ergastulum et carnificinam esse. (Tit. Liv., II, 23.)