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d’Halicarnasse, ils l’occupèrent quatre mois, à la grande terreur des patriciens, qui voyaient Rome, délaissée par ses défenseurs, tomber au pouvoir de l’ennemi. De plus, les champs n’étaient pas cultivés. Rome perdait ses laboureurs en même temps que ses guerriers.

Si les plébéiens ne fussent pas revenus, la ville qu’ils auraient fondée au bord de l’Anio eût été une ville latine, car la plebs était surtout latine. Aussi une tradition, empreinte d’un caractère populaire très prononcé, rattachait à la sécession du mont Sacré une antique divinité du Latium, Anna Perenna, dont elle avait fait une bonne vieille de Boville, près d’Albe, qui allait de grand matin porter tout fumants aux réfugiés du mont Sacré les gâteaux qu’elle avait pétris[1].

Les plébéiens ne consentirent à retenir qu’après avoir obtenu la création de deux tribuns tirés de leur sein et investis du pouvoir de les protéger contre les patriciens.

Ce fut là ce qui les décida au retour, et non l’apologue de Menenius Agrippa, sur la querelle des membres et de l’estomac.

Le traité fut conclu par des fétiaux entre les patriciens et les plébéiens, comme entre deux peuples.

Les tribuns étaient les organes de la plebs, ses représentants, pour ainsi dire son incarnation. Il fallait

  1. Ov., Fast, III, 667.