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être plébéien ou se faire plébéien par l’adoption pour être tribun.

La porte du tribun devait être toujours ouverte, et il ne pouvait passer un jour entier hors de Rome.

Laisser le peuple sans tribun était un crime capital là point d’interrègne, comme dans les magistratures patriciennes. Le tribun ne devait pas plus mourir que le roi de l’ancienne France.

On nomma d’abord deux tribuns pour les opposer aux deux consuls[1].

Le tribunat dans l’origine n’était pas une véritable magistrature.

Les tribuns n’exerçaient aucune autorité, ne commandaient point, ne jugeaient point ; ils ne pouvaient qu’empêcher. Ils n’étaient pas le gouvernement ; ils étaient l’opposition[2].

Aussi les tribuns n’avaient-ils aucun insigne, aucun costume particulier ; à l’origine ils n’entraient point dans la curie, où ils ne tardèrent pas à être admis ; ils s’asseyaient à la porte sur un tabouret (subsellium), mais la porte devait rester ouverte, car il est dit qu’ils observaient avec grand soin les résultats de la délibération pour s’y opposer dans le Forum, s’il y avait

  1. Contra consulare imperium tribuni plebis constituti. (Cic., De Rep., III, 33.)
  2. Cette opposition se faisait par l’intercession et s’exprimait par le mot veto. Transférer ce droit négatif de l’opposition populaire au chef de l’État, comme on fit dans la révolution, c’était intervertir les rôles des pouvoirs.