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serait écoulé que le temps nécessaire pour aller de la tribune à la roche Tarpéienne, qui n’en était pas loin.

Rome traversa donc ces redoutables épreuves sans abdiquer sa liberté. Malgré ses dissensions, elle ne fut point conquise, et c’est parce qu’elle était demeurée libre qu’elle a conquis le monde.

Les patriciens, qui, on doit le reconnaître, auraient mieux aimé mourir que descendre à l’expédient de la tyrannie d’un seul, faisaient tout pour reprendre l’ancien pouvoir qu’ils avaient perdu depuis la retraite sur le mont Sacré et la création du tribunat.

Ils gagnaient quelques-uns des tribuns et les détachaient d’un collègue trop résolu.

Ils parvinrent au moyen de leurs clients à dominer dans les centuries, au point qu’un jour les plébéiens abandonnèrent les comices, et à y faire constamment élire des consuls de leur choix[1].

Ils imaginèrent de tenir les comices à plus d’un mille de Rome, parce que la puissance des tribuns ne s’étendait pas plus loin[2].

Mais à Rome les lieux n’étaient point indifférents ; la coutume attachait à chacun d’eux une destination

  1. Selon Niebuhr, ils changèrent même dans les élections le rôle des curies et des centuries, transportant aux premières le droit d’élire et ne laissant aux secondes que le droit de confirmer. (Hist. rom., trad. fr., III. p. 238.)
  2. Den. d’Hal., VIII, 87. Dans la plaine au bord du Tibre, en dehors de la porte du Peuple.