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la citadelle. Ils avaient massacré tous ceux de la garnison qui n’avaient pas voulu se prononcer pour eux. On se précipite dans le Forum en criant : Aux armes ! l’ennemi ! Chaque parti se renvoyait le soupçon de complicité dans cette surprise. Les consuls craignaient que le coup ne vînt des plébéiens, et passèrent dans une grande inquiétude le reste de la nuit. Les plébéiens accusaient les patriciens d’avoir appelé cette bande pour servir leurs desseins. Peut-être y avait-il là un commencement de guerre servile[1], car Herdonius, du haut du Capitole, faisait appel aux esclaves. On peut penser que Kæso, dont une rumeur vague annonçait les intentions sinistres, ne fut pas étranger à ce hardi coup de main, qui, dans tous les cas, ne put guère s’exécuter sans trahison. Peut-être le Sabin Appius Herdonius, qui n’était point un aventurier, mais un homme riche et d’illustre origine[2], avait-il conçu la pensée de profiter des divisions de la république pour s’emparer de Rome et y rétablir l’ascendant de

  1. Multi et varii timores, inter ceteros eminebat terror servilis. (Tit. Liv., III, 16.) Denys d’Halicarnasse (X, 14) n’hésite pas à dire que le projet d’Herdonius était de soulever les esclaves et les pauvres contre les riches. Mais d’autres y ont vu une tentative des patriciens pour accomplir la révolution anti-démocratique dont ils poursuivaient l’accomplissement, au moyen d’une troupe de bandits qu’ils désavouèrent quand ils virent que le coup ne pouvait réussir. (Schwegl., R. Gesch., p. 589-90.)
  2. Denys d’Halicarnasse (X, 14) admet comme possible qu’Herdonius ait visé à la tyrannie.