Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/465

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui de n’être jugé pour crime capital que par les centuries.

Mais ces garanties n’étaient que promises pour le temps où le décemvirat aurait cessé d’exister ; en attendant, les décemvirs étaient investis d’un pouvoir sans limite et s’efforçaient de perpétuer ce pouvoir. Ainsi la Convention, tyrannie aussi sans limites de quelques hommes, les décemvirs du salut public, se personnifiant dans un Appius démocrate, Robespierre, proclamait une constitution dont elle ajourna toujours l’exécution.

La loi des Douze Tables, disent les anciens, avait pour but d’établir l’égalité du droit[1] entre les deux ordres, elle fit quelque chose pour cette égalité, qui cependant était loin d’exister après les décemvirs car il fallut aux plébéiens plus d’un siècle pour la conquérir.

Le décemvirat fut une trêve à la guerre des deux ordres ; les patriciens l’acceptèrent pour être débarrassés des tribuns, les plébéiens pour être délivrés des consuls. Cette abdication de la liberté au profit de la haine, comme toutes les abdications de ce genre, commença par une espérance et finit par une déception.

Cependant de ce mal passager résulta un bien durable. Des deux parts on s’accoutuma à vivre avec

  1. Tit. Liv., III, 31, 34.