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Quand on entendit au Forum la voix du héraut qui convoquait les sénateurs dans la curie, le peuple étonné se demanda : Qu’est-il donc arrivé pour qu’on reprenne un usage depuis si longtemps abandonné ? Il nous faut, ajoutaient-ils, remercier la crainte de la guerre et l’ennemi de ce que les habitudes de la liberté renaissent[1].

L’on regardait de tout côté dans le Forum si l’on n’apercevrait point un sénateur, mais aucun ne se montrait, ils s’étaient retirés à la campagne ; les appariteurs qui avaient été les citer à domicile revinrent dire que le sénat était aux champs.

Enfin un certain nombre de sénateurs se rendent à la curie, où recommencent à retentir des voix libres.

Les représentants des deux grandes familles sabines, toujours noblement alliées à la cause plébéienne, un Valerius et un Horatius, parlent en dépit d’Appius qui veut leur imposer silence ; ne pouvant y parvenir, il ordonne à un licteur d’arrêter Valerius. Valerius s’élance sur le seuil de la curie et fait appel aux citoyens. Un Cornélius embrasse Appius comme pour le protéger et le retient. Les consulaires et les vieux sénateurs, dit Tite Live[2], peintre admirable des passions politiques, par un reste de haine pour la puissance tribunitienne et pensant que les plébéiens

  1. Hostibus belloque gratiam habendam, quod subitum quicquam liberœ civitatis fieret. (Tit. Liv., III, 38.)
  2. Tit. Liv., III, 41.