Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/477

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mains de son maître, la multitude s’écarta d’elle-même. Ce fut alors que Virginius, abandonné de tous, à bout de toute ressource, conçut une pensée terrible. Maître de lui-même en cette extrémité, il s’excuse au nom de la douleur paternelle des invectives qu’il a proférées contre Appius ; il demande qu’il lui soit permis de s’entretenir avec Virginie et sa nourrice pour qu’il sache à quoi s’en tenir sur la naissance de cette enfant. Numitoria ne vivait plus ; Virginius n’eût pas osé accomplir son dessein en présence d’une mère. Appius, aveuglé par sa passion et son orgueil, par son mépris pour un plébéien, croit que Virginius est découragé, que peut-être il cherche un prétexte pour céder à sa puissance. À ce moment solennel, le cœur de l’historien est ému ; il suit Virginius s’éloignant un peu du Comitium, qui le séparait du Vulcanal où siégeait Appius, faisant quelques pas à gauche et s’avançant vers les boutiques neuves[1] au nord da Forum, entre les Septa[2], où les tribus plébéiennes auraient pris parti pour le plébéien outragé, mais

  1. Les boutiques neuves étaient au nord du Forum (Cie., Acad. Pr., II, 22), devant la basilique Porcia, voisine de la Curie. Basilicam, post argentarias novas et forum piscatorium. (Tit. Liv., XL, 51.) C’étaient des boutiques de changeurs, qu’on appela neuves plus tard, ayant été refaites après un incendie. Et argentariæ quae nunc novæ appellantur, arsere. (Tit. Liv., XXVI, 27.)
  2. Les Septa du Forum étaient près du sanctuaire de Vénus Cloacine, comme on le voit par les médailles de la gens mussidia. Eckel, Doctr. num., V, p. 258. (Gesch., d. R. Verf., p. 396, cité par Göttling.)