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ginie et montrent au peuple la belle jeune fille morte. Les matrones se lamentent. Icilius, l’ancien tribun, fait entendre des paroles qui réclament la puissance tribunitienne, la provocation au peuple et qui enflamment l’indignation de tous.

Appius cite Icilius à son tribunal, et comme il refuse de comparaître, ordonne qu’on le saisisse. Les licteurs ne peuvent percer la multitude qui se serre autour de lui. Appius traverse le Comitium et vient dans le Forum pour l’arrêter de sa propre main ; mais le tragique événement est devenu un fait politique. On s’écrie que le moment est arrivé de ressaisir la liberté. Les deux consuls, les chefs des deux grandes familles sabines constamment dévouées aux intérêts plébéiens, Lucius Valerius et Marcus Horatius, interviennent, disant que s’il s’agit de droit, ils se font les garants d’Icilius ; que si on emploie la violence, ils résisteront par la force. L’un et l’autre étaient entourés de souvenirs glorieux pour sa maison.

Valerius avait devant les yeux, à l’extrémité du Forum, la Velia, qui lui rappelait la noble condescendance au vœu populaire de son aïeul Publicola, le champion de ce droit d’appel au peuple qu’on réclamait aujourd’hui ; Horatius pouvait voir dans le Forum le trophée du vainqueur des Curiaces. Le droit de provocation était aussi dans les traditions de sa famille ; ce droit avait sauvé autrefois au même lieu un autre Horatius, la gloire de son nom.