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Au temple de Cérès se rattachaient donc deux garanties : l’une de l’inviolabilité du tribunat, et l’autre de l’incorruptibilité de la loi. La peine de mort que chacun pouvait appliquer impunément à quiconque participerait au rétablissement du pouvoir absolu, était une garantie formidable de la perpétuité de son abolition.

Puis on procéda au jugement d’Appius. Virginius lui fut donné pour accusateur. Il l’accusa au nom de la loi violée, et comme il refusa de désigner un juge devant lequel il se justifierait de cette violation[2], Virginius le déclara condamné et ordonna qu’il fût conduit dans cette prison qu’il avait, disait-on, appelée le domicile des plébéiens. Appius osa user de ce droit de provocation refusé par lui à tous ; mais Virginius répondit en montrant le tribunal placé sur la plate-forme élevée de Vulcain, cette forteresse de tous les crimes où le décemvir avait frappé de ses arrêts les biens et l’existence des citoyens que menaçait sans cesse la hache de ses licteurs ou plutôt de ses bourreaux. Appius fut jeté dans la prison Mamertine, où il avait voulu envoyer Icilius et Numitorius ; mais avant le jour fixé pour son jugement le fier patricien fit ce qu’avait fait son père, et en vrai Claudius, se donna la mort.

  1. Tit. Liv. III, 55.
  2. Sur ce détail curieux de la procédure romaine, voyez Niebuhr (IV, p. 81-6).