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lieux, ordinairement ennemis, n’étaient pas accoutumés.

L’agger que les Romains avaient construit autour de Véies fut réparé et les travaux du siège repris avec ardeur. Mais malgré cette ardeur, malgré la présence de Camille le siège ne faisait point de progrès ; le sénat, craignant que les plébéiens ne finissent par se décourager, employa un artifice assez singulier pour soutenir leur confiance, en rendant les dieux garants de la réussite de l’entreprise.

Le lac d’Albe avait atteint une hauteur inaccoutumée ; on ne pouvait se rendre raison de ce phénomène[1], causé par la fonte des neiges à la suite d’un hiver que nous savons avoir été extraordinairement rigoureux[2], et peut-être aussi par des agitations volcaniques dont l’effet avait été d’encombrer les conduits naturels, comme il arriva dans les lacs de Bæotie et d’Arcadie[3]. On envoya demander à l’oracle de Delphes comment on pouvait remédier à la crue insolite des eaux. Des travaux d’écoulement existaient dès cette époque en Grèce. L’oracle annonça que Véies serait prise quand l’eau du lac aurait cessé de se jeter dans la mer, et de se répandre dans la plaine. Avant d’avoir reçu cette réponse qu’il supposa peut-être, le sénat avait imaginé un moyen d’atteindre le but désiré : le règlement des

  1. Tit. Liv., V, 15.
  2. Tit. Liv., V, 13.
  3. Niebuhr., IV, p. 214.