Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/526

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séquences funestes qu’il pouvait avoir, et de faire tout ce qu’il fallait pour apaiser les dieux.

Mais le sénat ne fut pas seul à en tirer parti, et sa ruse tourna en partie contre lui ; les plébéiens me paraissent avoir su profiter aussi de la confiance accordée au devin ; car le devin ayant déclaré que les dieux étaient irrités de ce que les féries latines n’avaient pas été convenablement célébrées sur le mont Albain et que par suite l’élection des tribuns consulaires était vicieuse, ceux-ci furent contraints d’abdiquer et remplacés par d’autres tribuns consulaires, dont on décida que la majorité serait plébéienne.

Ce fut un incident imprévu et qui n’était pas, je crois, dans le plan primitif de la comédie. Car le lecteur a j’imagine, déjà vu clair dans le manège ; le monologue du vieil Étrusque, prononcé tout juste de manière à être entendu par le soldat romain, a dû éveiller ses soupçons. On peut supposer que ce monologue avait été conseillé en secret et probablement assez bien payé par le sénat, lequel, en calmant les inquiétudes nées du prodige et qui pouvaient décourager le soldat, dont un siège prolongé commençait à ébranler la patience ; en réalisant la condition mise par un double oracle à un succès, ce qui était un excellent moyen d’assurer ce succès, voulait en même temps faire accomplir une œuvre utile et capable de rivaliser avec les grands travaux des rois ses prédécesseurs. Il fallait un Étrusque pour prescrire l’entre-